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Supermonty Racing
28 janvier 2012

Critique du film Senna


Voilà, c'est fait, ce film tant attendu a été visionné. Cela faisait longtemps que les fans de F1 et de l'ancien champion brésilien attendaient un film à la hauteur du génie de ce pilote. Avant de développer plus amplement notre analyse, livrons le verdict : le film est aussi captivant et poignant que partisan et biaisé dans la retranscription du duel que « Magic » Senna livra avec le Professeur Alain Prost.

 

Après une brève introduction sur ses années de Karting, le réalisateur Asif kapadia zappe carrément la période F3 pour nous plonger d’emblée dans les premiers exploits en F1 d’Ayrton Senna. La légende se construit sous la pluie, où le pauliste révèle des dons de pilotage et une maestria qu’aucun autre pilote ne put égaler : en 1984 à Monaco d’abord, où, sur sa modeste Toleman, il effectue une remontée fantastique et frôle la victoire qui revient de justesse à un certain…Alain Prost, bien aidé par une interruption de course. Vient ensuite le Gp d’Estoril 1985, disputé encore sous la pluie et que Senna domine de la tête et des épaules sur sa fameuse Lotus noir et or, signant ainsi la première de ses 41 victoires.

 

Le 1er temps fort du film est évidemment son duel sur et en dehors de la piste avec Alain Prost. Equipiers chez Mclaren en 88 et 89, avant que le français ne passe chez Ferrari en 1990, les deux hommes écrivent sans doute la plus belle page d’histoire de la Formule Un. Le film retranscrit parfaitement ce duel qui met aux prises deux immenses pilotes, aux caractères et aux personnalités diamétralement opposés mais tous deux prêts à tout pour vaincre. On revit intensément les trois finales de Suzuka où le duel tourne au règlement de comptes.

Le film met clairement Senna dans la posture de « victime » : même si son attaque kamikaze de Suzuka 1990 et les états d’âme du brésilien ne sont pas oblitérés, Alain Prost a clairement le rôle de « méchant » : le français est décrit comme un pilote calculateur et très « politique », voire « pleurnichard » et dont la complicité complaisamment affichée avec le redoutable président de la FIA, Jean-Marie Balestre – lequel avait Senna dans le collimateur- laisse supposer que le champion français a profité de « magouilles » en coulisses pour remporter le titre 1989. Certes, le film évoque peu après la réconciliation des deux champions mais de manière bien trop brève : Prost aurait mérité un traitement plus équilibré, au même titre que Senna, bien plus ambivalent en réalité que l’« ange pur » mis en scène. Surtout, comment avoir omis le fameux « i miss you alain » prononcé par Senna au volant de sa Williams le matin même du drame d’Imola : Senna s’est construit par rapport à Prost et l’absence de ce dernier (il avait pris sa retraite fin 1993) avait enlevé sans doute une grande part de sa motivation au brésilien.

 

Le 2ème temps fort est évidemment le dénouement tragique dans l’enfer de ce circuit maudit d’Imola. La tension monte crescendo dans le film et, même si l’on connait la fin, on ne peut s’empêcher de croire au miracle puis de redouter l’issue fatale. L’accident de Barrichello, la mort de Ratzenberger le samedi – où l’on voit à quel point Senna fut affecté et perturbé lors de ce week end – lancent les premières salves d’une tragédie qui s’achève dans la courbe de Tamburello. En direct, devant des millions de téléspectateurs du monde entier, Senna rend l’âme et rejoint le paradis des pilotes. Lui qui était si croyant, voire mystique, s’envole à 34 ans, quasiment au même âge que le Christ. Les funérailles en mondovision, dignes d’un chef d’Etat, nous rappellent à quel point il fut populaire et adulé au Brésil.

 

D’autres oublis sont à regretter : rien sur l’intervention courageuse de Senna à Spa en 1992, quand il sortit de sa McLaren en plein milieu de la piste pour secourir Erik Comas qui venait de subir un terrible accident. Pas grand-chose sur ses victoires monégasques, notamment celle de 1992 où il dut résister à un Mansell survolté. Rien encore sur son 1er tour épique de Donington lors du Gp d’Europe 1993.

 

Au final, Senna est un film hagiographique, certes, mais qui vaut largement le détour. Bien réalisé, le film nous éclaire autant sur l’homme Senna que sur les mutations profondes de ce sport, chamboulé à la charnière des années 90 par la technologie et le show-business.

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