L'éviction - peu élégante - de Jarno Trulli, remplacé au pied levé par Vitaly Petrov et ses sponsors chez Caterham, laisse l'Italie sans pilote de F1. Une situation inédite pour une des patries de la courses, du jamais vu depuis 1969 !

La France a connu cette situation entre 2005 et 2007 (hormis les piges de Montagny) et en 2010-2011, avant de renaître avec le trio Pic-Vergne-Grosjean.

Notre soeur transalpine, qui comptait il y a encore trois ans 3 pilotes (Fisichella, Trulli, Liuzzi), est désormais absente des pistes. Une bien décevante situation, que Trulli a d'ailleurs pointé du doigt en mettant en relief l'absence de filière jeunes dans son pays. l'exemple de la FFSA et de la filière parrainée par Jean Alesi devrait montrer l'exemple.

L'Italie a connu ses heures de gloire au début de la F1, avec des champions comme Ascari et Farina. Depuis, jamais l'Italie n'a retrouvé de champion du monde potentiel. Il y a bien eu quelques talents comme Alboreto, Patrèse et récemment Fisico/Trulli mais aucun pilote de la trempe d'un Senna, d'un Schumacher ou d'un Vettel. Il y a eu aussi des talents gâchés (Modena, Capelli, Tarquini) et une floppée de pilotes payants, surtout à la charnière des années 80/90, prêts à courir dans n'importe quoi avec 4 roues.

Revenons un peu sur la carrière de Jarno:

Débutant en 1997 chez Minardi après de beaux exploits en Karting (champion du monde) et en F3, Jarno se révèle dès sa première année en remplaçant chez Prost GP Olivier Panis, lourdement blessé à Montréal. Il décroche une belle 4e place en Allemagne et mène plus de 30 tours en Autriche avant de voit son moteur cassé. Le premier épisode d'une longue série de "chats noirs" qui jalonnent sa carrière, un peu à l'image de Jean Alesi.

En 1998/1999, Trulli reste chez Prost et fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne. Il ramène l'unique point du team en 1998 sous le déluge de Spa et arrache le podium (2e) du délirant Gp d'Europe 1999. Cette année là, il s'attire les foudres d'Alesi en le percutant deux fois de suite au Gp du Canada dès le 1er virage, lors des deux départs donnés !

En 2000, il passe chez Jordan. Très rapide, notamment en qualifs, Jarno surclasse Frentzen. Rebelote en 2001 où il ramène la plupart des points de Jordan mais continue à être frappé par le sort, comme en Belgique où il perd une belle 4e place sur panne moteur.

En 2002, il rejoint Renault et obtient enfin un volant dans un top team. Il ramène queques résultats mais l'arrivée d'ALonso en 2003 le met en difficulté.

2004 semble être son année: le début de saison est à l'avenant avec des arrivées régulières dans les points. Trulli prend le dessus sur Alonso et enfin remporte sa 1ère victoire à Monaco, après une belle passe d'armes avec Button. Tout semble aller pour le mieux jusqu'au Gp de France: 3e, jarno se fait surprendre par Barrichello dans le dernier virage.

Briatore, team manager de Renault, ne le lui pardonne pas. Trulli semble perdre ses moyens et révèle une certaine faiblesse psychologique. Il enchaîne 5 résultats blancs et multiplie les incidents ou accrochages. Briatore finit par le débarquer et le remplace par Villeneuve.

Jatno trouve refuge chez Toyota: de 2005 à 2009, l'italien va aller de joies passagères en déception. Les Toyota sont plus ou moins bonnes, lui permettent de faire quelques coups d'éclats mais l'écurie nippone ne parvient pas à se hisser dans le top de la hiérarchie.

la preuve : 7e, 12e, 13e, 9e, 8e. Ce sont les places finales de Jarno aux championnats entre 2005 et 2009. Du sur place, quelques podiums et même de grosses désillusions comme à Bahrein en 2009, où Toyota foire sa stratégie alors que la victoire semblait inévitable.

Fin 2009, la crise est passée par là et Toyota se retire. Retour à la case départ pour Jarno qui se réfugie dans la petite écurie Lotus. Pendant deux ans, l'italien est totalement transparent, poursuivi par des soucis techniques et dominé en vitesse pure par son équipier Kovalainen. Finalement, en février 2012, alors qu'il a participé aux premiers essais de la Lotus 2012 et qu'il semblait remotivé, il perd sa place et quitte sans doute la F1, par la petite porte.